Ecoutons du Rossini.
Je suis un privilégié de la vie, car j’ai grandi dans l’amour des belles choses et dans une culture familiale où la musique a toujours tenu une place essentielle. Je ne remercierai jamais assez mon père en particulier, de m’avoir transmis ainsi la passion de la musique qui me permet de pouvoir apprécier tout extrait musical qui se présente fortuitement à mes oreilles, davantage lorsque j’en reconnais le compositeur, et infiniment plus encore lorsque j’en ai travaillé la partition.
Je suis chaque jour un peu plus conscient de la chance que j’ai de pouvoir écouter, vibrer, frissonner, pleurer et finalement oublier ma condition de terrien quelques minutes, le temps d’une œuvre de Rameau, de Monteverdi, de Bach, de Mozart, de Beethoven, de Schumann, de Ravel, de Poulenc, de Stravinsky, ou de tout autre génie que compte l’histoire de la musique.
Parmi tous ces compositeurs qui ont su faire danser les âmes depuis l’invention des premières mélodies, Rossini est celui que je conseillerai impérativement pour chasser la sinistrose qui guette chacun d’entre nous, parfois dès les premières heures de la journée. Compositeur italien établi de nombreuses années à Paris comme directeur de théâtre et mort dans cette même ville, sa musique est à la fois savante et accessible au plus grand nombre ; ils sont peu à égaler dans son incroyable pouvoir irrésistiblement euphorisant.
Précipitez-vous dans le Barbier de Séville, son chef d’œuvre, à l’acte I scène n°2, la célèbre cavatine de Figaro – Figaro-ci, Figaro-là – ou bien dans la scène n°4, la deuxième partie du duo entre Figaro et Almaviva qui commence par « All’idea di quel metallo… », lorsque ce dernier demande au barbier où se trouve sa boutique. Relisons Stendhal , grand admirateur du musicien, à propos de ce passage :
« Je regarde la fin de ce duetto, depuis « la bottega ? non si sbaglia, » comme au-dessus de tout éloge. C’est ce duetto qui tuera le grand Opéra français. Il faut convenir que jamais plus lourd ennemi n’aura succombé sous un assaillant plus léger… ».
Ou encore l’air de Rosine « Una voce poco fa » qui suit immédiatement après, surtout dans sa partie « moderato » plus rapide : « Io sono docile ». Ce n’est plus de la musique c’est un tourbillon jubilatoire allant crescendo qui vous rendra aussi léger qu’une coccinelle virevoltant dans le ciel d’été d’un village andalous baigné de soleil, et vous emportera jusqu’au fin fond de l’univers.
N’attendez pas pour découvrir ou re-découvrir ces pages de l’histoire de l’opéra valant tous les anti-dépresseurs du monde. Vous regretterez longtemps de ne l’avoir fait plus tôt. Là encore, souvenons-nous de ce qu’écrivait Stendhal à propos de la musique de Rossini :
« J’y vois une fraîcheur qui, à chaque mesure, fait sourire de plaisir. »
Avec cette musique-là, la vie est plus belle.
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