Ecoutons les Beatles.
Pour tous ceux qui
sont allergiques à l’Opéra ou à la musique classique – que je les plains !
qu’ils ne s’inquiètent pas, la vie contemporaine nous a fort heureusement
apporté d’autres genres de réjouissances musicales. Pourquoi ne pas se laisser
entraîner par les plus belles pages du jazz, en écoutant Django Reinhardt par
exemple, ou bien les duos Armstrong/Fitzgerald, ou bien encore une chanson des
Beatles, au hasard. Je conseillerai « Yellow Submarine » parce que c’est la préférée de ma mère, parce
qu’elle est sans doute l’une des plus atypiques du groupe de Liverpool, et que
mes enfants raffolent de l’écouter en voiture.
Pourquoi un
« sous-marin jaune » ?
On imagine aisément que cette trouvaille onirique répondait à un besoin de s’affranchir d’une société de consommation en plein essor, dont certains – les jeunes en particulier – pressentaient déjà les excès futurs. Le « we all live in a yellow submarine » était une sorte de slogan soixante-huitard avant l’heure, comme « sous les pavés la plage » ou bien « l’imagination au pouvoir ».
À chaque fois que j’écoute cette chanson, je me demande ce que les Beatles auraient composé de nos jours s’ils avaient voulu faire passer le même message. Qu’est-ce qui dans l’imaginaire collectif pourrait remplir la même fonction au pouvoir si évocateur que le sous-marin jaune à son époque ?
Une fusée rouge ?
Non, Hergé l’avait déjà imaginée dix ans avant la mission Apollo 11 qui déposa
Armstrong sur le sol de la Lune ; une fusée rouge et blanche si
monumentale que Haddock, s’adressant à Tournesol avec son tact habituel, s’est
cru obligé de lui dire qu’à son avis l’engin avait autant de chance de
s’envoler vers la Lune que la Tour Eiffel de danser la samba au son d’un cornet
à pistons !
Un taxi mauve ?
Tout ce dont je me rappelle au sujet de ce film est qu’il se déroule en
Irlande, avec des vues splendides du Connemara (sauf erreur), et que Fred
Astaire en vieil homme y joue un des rôles principaux.
Une voiture rose avec
des étoiles vertes, et décapotable de surcroît ? Là je revois Françoise
Dorléac et Jean-Paul Belmondo sur les routes du Brésil à la poursuite d’un
méchant ethnologue du Musée de l’Homme, et j’entends tout de suite la musique
d’accompagnement imitant un orchestre de cirque.
Un porte-avion
bleu ? Un hélicoptère orange ? Un vélo parme ?
Et pourquoi pas une Montgolfière transparente, ou un canot tout en bois rare, ou tout simplement une 2 CV verte – aïe ! où donc mon plus jeune fils a-t-il pris cette désagréable habitude de pincer père et mère lorsqu’il en voit une ?
A chacun son sous-marin jaune ! Le mien a plutôt l’apparence d’un vieux tracteur agricole des années soixante, un peu fatigué il faut le reconnaître, dont la couleur est devenue indéfinissable avec le temps, mais sans lequel nous ne pourrions mettre à l’eau l’esquif à moteur qui nous sert de bateau de pêche lorsqu’en famille nous allons relever les casiers, remplis de promesses de tourteaux.
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