Que reproche-t-on exactement à Michel Onfray ?
De nous ouvrir les yeux ?
Son travail consiste d'abord et avant tout à remettre en lumière des penseurs et des philosophes qui depuis l'antiquité ont généralement été oubliés par l'historiographie dominante ou qui ont été éclipsés par des contemporains plus en vue qu'eux.
Onfray nous pose une question : qu'elle est la légitimité d'une philosophie opérant en vase clos, à l'unique usage de spécialistes et d'universitaires répandant leur vérité dans un langage ésotérique comme ces médecins dont se moquait Molière et qui utilisait le latin pour mieux préserver leur pouvoir ?
Onfray milite pour une philosophie à la fois eudémoniste, qui vise le bonheur individuel par la construction du bonheur collectif, et une philosophie pratique à usage quotidien pour le plus grand nombre.
Onfray casse les règles, il s'attaque aux préjugés, il nous invite à remettre en cause nos points de vue préfabriqués, il se méfie des influences trop consensuelles, il nous guide sur le chemin de la connaissance pour mieux nous permettre de nous faire notre propre opinion.
On n'est pas obligé d'être d'accord avec toutes ses idées, on peut s'agacer de certaines de ses obsessions ou de son intransigeance parfois à la limite de l'intolérance, on peut le trouver maladroit dans ses attaques, insolent dans ses convictions, mais on ne peut que respecter son travail.
Par certains aspects, c'est vrai, son discours est une bombe. Ce qu'il nous incite à faire dérange beaucoup de gens : le pouvoir en place, l'autorité, les corporatismes, les puissants, les religieux, les superstitieux... et tout le monde n'est pas prêt à l'entendre.
Nous sommes tous un peu comme ces passionnés du tour de France, qui chaque année s'agglutinent le long des routes, et qui pour rien au monde ne raterait le passage du peloton. Onfray vient leur dire que leurs Dieux sont des tricheurs, que leurs idoles sont de fausses idoles, et qu'il vaudrait mieux ne pas applaudir sans réfléchir de faux héros d'un monde où la tricherie est la règle.
On peut vivre sans philosophie, mais on vit mieux avec la philosophie.
Merci Michel Onfray.