Je suis de ceux qui pensent que Woody Allen est un bienfaiteur de l’humanité. Tout comme les horticulteurs, les chocolatiers, les marchands de trains électriques et les vignerons !
L’année éternellement recommencée est invariablement rythmée par les saisons, les vacances scolaires, les fêtes de Noël, de nouvel an, de pâques, les ponts du mois de mai, et aussi par son Woody Allen.
Certains de ses films dits « sérieux » sont de véritables chefs d’œuvre (« Manhattan » ou « Intérieurs »), d’autres sont infiniment poétiques (« Zélig », « Alice », « La Rose Pourpre du Caire ») mais je n’aime jamais autant Woody Allen que lorsqu’il fait le pitre de façon désopilante, dans ses comédies comme dans « Meurtre Mystérieux à Manhattan », « Coups de feu sur Broadway », « Le Sortilège du scorpion de Jade » ou dernièrement « Hollywood Ending ».
Il y a dans « Meurtre mystérieux à Manhattan » par exemple, une scène d’ascenseur d’anthologie ainsi qu’une partie de poker dont vous vous souviendrez assurément toute votre vie.
Il y a également des répliques inoubliables qui reviennent en mémoire, un peu comme une mélodie ou un thème, sans pouvoir dire avec certitude de quel film il s’agit.
Juste une pour le plaisir : Allen sort d’un concert à Manhattan, au Lincoln Center sans doute ; est-il accompagné de Diane Keaton ou de Mia Farrow ? est-ce dans « Annie Hall », « Manhattan » ou « Alice » ? je ne sais plus ; j’ai l’impression, étant donné le nombre d’histoires qui se déroulent à New York, que cela pourrait être dans n’importe lequel de ses films ; en tout cas, l’une des premières choses qu’il dit à sa partenaire en sortant, sinon la première, doit être quelque chose comme :
« A chaque fois que j’entends du Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne ! »