Soyons heureux

Les mystères de ma mémoire. Chapitre I.

Poser un objet quelque part avec l'intention de le reprendre aussitôt est la meilleure façon de l'oublier. Cest le constat rageant que je fais à chaque fois que cela se produit. L'énervement est à son comble lorsque je cherche partout chez moi quelque chose que je tenais pourtant dans les mains la minute précédente (mes clefs, mon portable, mes lunettes...) et que pour une raison fortuite j'ai posée en un endroit inhabituel le temps d'effectuer une tâche qui s'est tout à coup imposée à moi avant de quitter mon appartement (aller chercher le sac poubelle, éteindre la radio restée allumée, fermer une fenêtre...). Même chose lorsque je m'aperçois, une fois sorti de chez moi, que jai oublié la lettre prête à poster, ou le ticket de pressing, ou l'ordonnance du médecin que j'ai laissée dans lentrée le temps de mettre mes chaussures ou mon manteau. Sachant que même en possession de la lettre timbrée que j'ai prévu de poster dans la première boîte qui se présente, je peux passer toute la journée oubliant qu'elle était dans une poche de ma veste attendant que je m'en occupe... Ce phénomène fréquent se répète sans que je puisse y remédier et cela finit par me fasciner ! 

Scène du métro parisien : le pigeon voyageur !

Une fin de matinée d'octobre j'arrive à la station Billancourt. Ligne 9. J'ouvre la porte pour sortir de la rame et me retrouve nez-à-nez - ou plutôt bec-à-bec - avec un pigeon débonnaire marchant tranquillement sur le quai. Je le croise, il se dirige vers la porte que je viens de franchir, et, au moment même où retentit la sonnerie annonciatrice du départ imminent de la rame, le pigeon, forçant légèrement l'allure, se hisse dans la voiture d'un coup de collet. Le voilà parti en direction de Pont-de-Sèvres, terminus de la ligne, située au bord de la Seine, peut-être sa destination favorite !