Soyons heureux

Comment devenir Président, préambule

J'entame aujourd'hui une nouvelle série afin d'aider ceux parmi mes compatriotes qui veulent faire carrière en politique. Et comme on fait rarement carrière dans ce métier sans vouloir en permanence être "Calife à la place du Calife", j'ai intitulé cette série : Comment devenir Président de la République.

Né sous de Gaulle, joueur de Lego sous Pompidou, ado sous Giscard, puis devenu électeur sous Mitterrand, je me disais, lorsque j’étais enfant qu’il fallait être supérieurement intelligent pour être Président de la République. Qu’il fallait certainement avoir fait des choses extraordinaires dans sa vie pour en arriver là. La fonction me paraissait inaccessible, voire divine, comme ces rois de France de mes devoirs du soir.
Puis, l’âge venant, les illusions s’envolant, et la fonction se désacralisant, j’en suis peu à peu venu à me dire qu’il n’y a nul besoin de génie ou de don particulier pour accéder à la tête de l’Etat ; point de filiation, de réincarnation ni de désignation céleste.
Il m’est apparu de plus en plus évident que ceux qui ont occupé, occupent, ou occuperont un jour la fonction suprême y parviennent principalement parce que :
Primo, ils le veulent plus que tout autre chose au monde et y pensent à chaque instant ;
Deusio, ils organisent entièrement leur vie, publique et privée en fonction de cet objectif, et travaillent sans relâche à cet effet ;
Tertio, ils adoptent un comportement qui en toute occasion doit rendre crédible le costume qu’ils ont l’intention de porter un jour.
Il va de soi, naturellement, que ces candidats au pouvoir suprême sont a priori depuis longtemps déjà des grands serviteurs de l’Etat, passionnés par la chose publique, et défenseurs acharnés de l’intérêt général.
Alors si vous n’êtes pas paresseux, et si vous remplissez déjà à ces exigences préalables, ce blog est fait pour vous, et vous donnera chaque semaine un nouveau conseil pour mener à bien la suite de votre carrière politique, et vous donner toutes les chances de réussir votre élection comme Président de la République.
Rendez-vous la semaine prochaine pour le conseil n°1.
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Minute de silence... à vie

Selon les statistiques, on compte un décès par suicide toutes les 40 secondes dans le monde. Je propose donc une minute de silence toutes les 40 secondes.

Un petit renoncement vaut mieux qu’un grand abandon.

Dans une séance de pêche en mer, il faut parfois savoir renoncer temporairement. Vous avez le matériel adéquat, la météo est favorable, vous avez fait le plein d’essence, vous partez conquérant, vous choisissez votre endroit pour faire quelques lancers, vous tentez ensuite votre chance à la traîne à vitesse réduite, mais ça ne mord pas, ou si peu. Au bout d’un moment, l’obstination à faire des ronds dans l’eau en attendant que cela prenne vous apparaît tout à coup aussi stupide que vaine, et l’évidence de cette révélation est d’autant plus forte que vous avez le sentiment de vous être déjà trop obstiné. La nécessité s’impose alors à vous de changer d’endroit, ou bien d’attendre un moment plus favorable, ou même de rentrer pour repartir un autre jour. Au fond de vous-même vous ressentez toujours cependant cette légère frustration due au fait que vous ne savez pas, et ne saurez jamais si en vous obstinant encore un peu vous ne seriez pas tombé sur un banc qui vous aurait permis de revenir glorieux à terre. Car il suffit d’un rien pour faire d’une séance de pêche entre amis soit une ennuyeuse sortie en mer soit une divertissante façon de revenir avec le déjeuner ou le dîner du jour.
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Vivre ou exister ?

Vivre consiste à faire tout ce que la vie attend de nous. Exister consiste à prendre le maximum de ce qu’elle peut nous donner.

Mélancolie jamais ne renonce.

Je ne sais ni pourquoi, ni depuis combien de temps j’éprouve l’impression d'une mélancolie diffuse qui m'assaille au petit matin. Cette souffrance ne me quitte jamais complètement dans la vie quotidienne, fort heureusement agrémentée par moments de vertiges euphoriques et de fragments jubilatoires qui au final, au bilan de chaque journée, permet malgré tout de jouir tout bonnement du simple bonheur d’exister.
Je ne sais pas non plus, et ne saurai probablement jamais, s’il suffit d’être riche, comme il m’arrive souvent de le rêver, au moins pour mettre ma famille à l’abri du besoin, pour que cette mélancolie disparaisse.
Le remède que je garde à portée de main aux premières heures du jour, lorsqu'une fois éveillé je ne puis chasser les fâcheux et fâcheuses de mon esprit, consiste en un baladeur MP3 dont je chausse discrètement les écouteurs afin de plonger alternativement dans une musique qui me transporte, ou une conférence philosophique qui m'emporte.
Leur tourner le dos, les mépriser, les narguer, voilà en quoi consiste mon combat quotidien.
Et finalement, cette ennemie intime, ennemie de l'intérieur, cette mélancolie qui sans cesse menace de me ronger, est devenue à son corps défendant une formidable occasion à chaque fois renouvelée d'expérience ataraxique.
L'apprivoiser c'est la vaincre.

Merci Socrate ! 2

"Connais-toi toi-même" nous conseille le philosophe.
Je ne persiste jamais très longtemps à m’interroger sur moi-même, ayant trop peur de buter sur une abyssale aporie.

Trop de choix tue le choix

Je ne sais plus qui a théorisé sur le fait que lorsqu'on a trop de libertés, on est moins libre que lorsqu'elles sont entravées. Personnellement, je peux témoigner que, bien souvent, quand j'ai trop de choix, je n'arrive pas à choisir.
Prenons deux exemples concrets.
1/ Si j'arrive en voiture sur un immense parking, et que seules restent quelques places libres, je fais comme tout le monde : je me précipite sur la première que je trouve, sans réfléchir, justement parce que je n'ai pas le choix, ou si peu.
À l'inverse, si le parking est entièrement vide, que toutes les places sont disponibles, bien marquées au sol, les unes à côté des autres, je n'arrive pas à me décider ! Je tourne, retourne, passe et repasse, et me demande quelle pourrait bien être la meilleure place, si je ne me tromperais pas en utilisant celle-ci plutôt que celle-là ! Bref je ne sais plus quoi faire alors que j'ai entière liberté, justement parce que j'ai trop de choix.
2/ Il est loin le temps de la télé de mon enfance, où deux puis trois chaînes se partageaient le petit écran, et où, à part "Bonne Nuit Les Petits", on ne nous laissait pas regarder grand chose. Aujourd'hui, on a accès à des centaines de chaînes, des milliers d'heures de programmes, de toutes sortes. Cette abondance de possibilités n'est-elle pas censée nous offrir davantage de liberté de choix ? En fait il y a tellement de chaînes que tout choix devient problématique, et que le bon choix paraît tellement illusoire qu'on préfère encore le non choix.
N'oubliez-pas d'éteindre votre téléviseur, et d'être heureux !
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La peur du vide.

La religion prospère sur la peur du vide là où la philosophie nous instruit sur la vacuité de cette peur.

Serra fan de Kubrick ?

L'expo Monumenta actuellement visible au Grand Palais à Paris est assez saisissante.
Elle consiste en 5 plaques métalliques monumentales plantées vers le ciel dans la nef centrale avec plus ou moins d'inclinaison. L'épaisseur de chaque plaque ne dépasse pas une quinzaine de centimètre pour une hauteur d'une quinzaine de mètres, d'où un encombrement au sol très faible. Tout autour, l'espace est entièrement libre et l'on peut circuler sur toute la superficie du Grand Palais, s'éloigner le plus possible des sculptures pour jouir de la perspective, s'en approcher au plus près, les toucher même.

J'ai tourné un certain temps autour de ces grandes plaques un peu intimidantes, et puis tout à coup j'ai compris.
Au pied de l'une d'elle, en levant la tête, c'est le monolithe noir de Kubrick dans "2001 l'Odyssée de l'Espace", dressé vers la voûte céleste que je voyais subitement.
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Le don et la compétence.

Doué en tout, compétent en rien, telle est la devise de l’artiste.