Je ne sais ni pourquoi, ni depuis combien de temps j’éprouve l’impression d'une mélancolie diffuse qui m'assaille au petit matin. Cette souffrance ne me quitte jamais complètement dans la vie quotidienne, fort heureusement agrémentée par moments de vertiges euphoriques et de fragments jubilatoires qui au final, au bilan de chaque journée, permet malgré tout de jouir tout bonnement du simple bonheur d’exister.
Je ne sais pas non plus, et ne saurai probablement jamais, s’il suffit d’être riche, comme il m’arrive souvent de le rêver, au moins pour mettre ma famille à l’abri du besoin, pour que cette mélancolie disparaisse.
Le remède que je garde à portée de main aux premières heures du jour, lorsqu'une fois éveillé je ne puis chasser les fâcheux et fâcheuses de mon esprit, consiste en un baladeur MP3 dont je chausse discrètement les écouteurs afin de plonger alternativement dans une musique qui me transporte, ou une conférence philosophique qui m'emporte.
Leur tourner le dos, les mépriser, les narguer, voilà en quoi consiste mon combat quotidien.
Et finalement, cette ennemie intime, ennemie de l'intérieur, cette mélancolie qui sans cesse menace de me ronger, est devenue à son corps défendant une formidable occasion à chaque fois renouvelée d'expérience ataraxique.
L'apprivoiser c'est la vaincre.