Voltaire aurait dit ou écrit un jour que la vie n’était qu’ennui ou crème fouettée.
Un peu comme si Ataraxie et Mélancolie se disputaient en permanence le pouvoir suprême, celui qui agit directement sur l’âme des hommes en une sorte de combat perpétuel tournant tantôt à l’avantage de l’une, tantôt en faveur de l’autre.
Ma préférence, cela ne vous étonnera pas, va plutôt à la première.
Ataraxie, déesse de la pulsion de vie, reine de la légèreté, princesse des nuits étoilées, réparatrice des âmes, accélératrice de bonheur.
Il est des lieux, des instants, des circonstances où je peux sentir sa douce respiration qui me chatouille derrière les oreilles, me faisant venir en pensée ces mots qu’elle n’a même pas besoin de me souffler tellement ils s’imposent d’eux-mêmes :
Cet instant t’appartient, il est poussière éphémère en même temps que fraction d’éternité. Sauras-tu saisir cette étincelle de vie qui traverse les âges et l'espace pour effleurer brièvement ton âme et lui dire le simple mais si vrai bonheur d’être vivant ?
Ataraxie pour moi s’appelle souvent Musique, cette amie intime qui sauve la vie. Mais elle pourra n’être aussi que le bruit du vent dans les arbres, où l'ivresse d'une belle nuit d’été étoilée, traversée sporadiquement de quelque flèche filante et enflammée. Là, couché dans l’herbe, suffisamment à l’écart de toute source lumineuse et autre pollution humaine, on commence par plonger le regard dans ce spectacle millénaire, cherchant inconsciemment les faubourgs de l’infini, puis la nuit nous ensorcelle, nous enlace et nous absorbe tout entier en une étreinte amoureuse composant un Tout merveilleux dans lequel nos sens ne cherchent plus rien tant ils sont comblés.
À moi Démocrite, Leucipe, Diogène, et Aristippe, à moi Epicure, Antiphon, Lucrèce, Plutarque et tous leurs disciples, à moi Montaigne et Cyrano, Helvétius et d'Holbach, faites, je vous prie que les malheurs du monde m’épargnent au moins quelques instants, renvoyez au loin s’il vous plaît fâcheuses et fâcheux à leur grotesque et sinistre bal.